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Mylène Farmer, la machine à cash d'Universal rejoint Sony Music

par Mylène Farmer 27 Avril 2024, 19:14

Mylène Farmer, la machine à cash d'Universal rejoint Sony Music

EXCLUSIF En passant d'Universal à Sony Music, la diva de la pop, a négocié un contrat beaucoup plus favorable et porte un coup dur au leader de la musique.

« Ce n’est pas un drame! » C’est ainsi que l’on réagit au siège d’Universal Music France, situé près de la Place du Panthéon, quelques heures après l’annonce surprise du départ de la chanteuse Mylène Farmer pour la maison de disques concurrente Sony Music France. « Mylène a préféré une proposition sans doute plus généreuse que la nôtre pour la production de ses futurs albums, mais nous conservons le catalogue contenant tous ses plus gros tubes enregistrés depuis trente ans avec notre label Polydor… » On tente de faire contre mauvaise fortune bon cœur, mais il n’empêche que ce transfert annoncé ce 16 mars, est incontestablement une lourde perte pour Universal, leader du marché de la musique en France et dans le monde (et accessoirement, filiale du groupe Vivendi). Mylène Farmer est l’artiste française la plus bankable, détentrice d’une liste interminable de records dans l’industrie: chanteuse ayant vendu le plus de disques depuis 30 ans, record du nombre de disques de diamant, 5 albums vendus à plus d’un million d’exemplaires, 1,6 million d’exemplaires pour un best-of, 160.000 billets vendus en trois heures pour ses deux Stade de France, record de titres classés N°1 au Top 50… Elle est aussi la seule artiste à avoir classé l’un après l’autre, chacun des titres de deux de ses albums en tête du classement des ventes. « Un tel succès est unique en France, apprécie un avocat spécialisé dans les contrats d’artistes. Personne n’a connu une période aussi longue de ventes aussi élevées ».

Des recettes doublées

Le constat ne s’arrête pas là. En plus de vendre des millions de disques, Mylène Farmer génère un chiffre d’affaires beaucoup plus important que les artistes de la nouvelle génération. Comment? C’est tout bête, elle vend essentiellement des disques physiques dont le prix rappelons-le est juste le double du prix des téléchargements de musique numérique. 12 euros contre 6 euros en moyenne. Du coup, pour le même nombre d’albums vendus, le chiffre d’affaires généré est deux fois plus important. A ce constat sonnant et trébuchant s’ajoute la capacité de la diva mélancolique de concevoir et de vendre des éditions spéciales et collectors que ses fans, une clientèle ultra fidèle, s’arrachent dès leur sortie. « C’est aussi la championne du merchandising », apprécie ce juriste. Gérante des SARL Stuffed Monkey (édition musicale) et Betty Monkey (production de spectacles), elle n’a pas son pareil pour écouler les produits à sa marque dans les boutiques de ses concerts, dont plusieurs milliers de singes en peluche au prix de 30 euros l’unité, que ses fans adorent lui lancer sur scène en guise d’hommage.

Evidemment un tel succès confère un statut unique à la chanteuse au moment de négocier son contrat avec une maison de disques. Elle est en position de force et peut imposer ses conditions tarifaires et artistiques, car d’après nos informations, les trois majors (Universal, Warner et Sony) étaient sur les rangs ces derniers mois, au moment où son contrat avec Universal arrivait à son terme.

Surenchères des majors

Universal, qui croyait renouveler sans trop de peine, une collaboration de trente ans, n’aurait pas proposé d’avance très généreuse dans son offre initiale avant de se raviser et de lui proposer des conditions beaucoup plus favorables, une fois que les avocats de la belle rousse ont eu entre les mains d’autres propositions. Il restait encore à négocier le statut du contrat qui définit de façon très précise la répartition des recettes entre l’artiste et sa maison de disques. Bénéficiant précédemment d’un contrat de licence (dans lequel l’artiste a un statut de producteur et reste propriétaire de ses enregistrements dont il cède la licence pour une durée déterminée, souvent cinq ans), la chanteuse aujourd’hui quinquagénaire, souhaitait signer un contrat de distribution (l’artiste est producteur, éditeur et ne laisse à la maison de disque qu’une mission de distribution de son œuvre, une activité moins stratégique et moins rémunératrice). Des conditions qui ont été acceptées par Sony Music.

Il s’agit d’un contrat très favorable à l’artiste mais la major y trouve son compte car en intégrant une telle star dans son portefeuille, elle peut améliorer d’un coup sa part de marché de 1,5 point en France, l’année ou elle sort un album. Et logiquement a contrario, la major qui la voit partir risque de perdre la même valeur de part de marché. Bref, en passant d’Universal à Sony, la star désenchantée (mais pas désargentée) crée un remous de trois points de parts de marché sur le marché français de la musique où la hausse des recettes générées par les services de streaming n’atténue en rien le poids d’artistes aussi puissants.

Inquiétudes pour Universal

Une très mauvaise nouvelle pour Olivier Nusse, le président du directoire d’Universal Music, nommé il y a un an exactement, et dont la part de marché a déjà connu une baisse inédite en 2016, de 45% à 38%. D’autant que d’autres artistes importants ont aussi quitté le navire comme Mathieu Chédid et... Stromae. Révélation des années 2013 et 2014 chez Universal, le chanteur belge a lui aussi choisi Sony pour la publication de son dernier album live. Et il doit à son tour décider avec quelle major il signera pour son prochain et très attendu album original. 

Pour Stromae comme pour Mylène Farmer, deux artistes capables de concevoir eux-mêmes de A à Z, leurs albums et leurs stratégies marketing et qui entretiennent un lien direct avec leurs fans, la question qui se pose aux majors du disque est particulièrement cruelle: quelle sera leur utilité, le jour où la musique ne s'échangera plus que sous forme numérique?

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