Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

“Ça frise l’escroquerie” : Nicolas Sirkis, d’Indochine, “atterré” par l’explosion des prix des concerts

par Mylène Farmer 29 Octobre 2023, 20:16

“Ça frise l’escroquerie” : Nicolas Sirkis, d’Indochine, “atterré” par l’explosion des prix des concerts

Sur fond d’inflation et de course au profit, les places de concert s’installent à des prix stratosphériques. À contre-courant, le groupe culte Indochine plafonne ses places à 50 euros en moyenne. 

Depuis la fin du Covid-19, les tarifs s’affolent, s’envolent vers des sommets inégalés. Jusqu’à 650 euros pour Madonna en novembre prochain, 400 pour Beyoncé, 300 euros pour Harry Styles, 300 euros pour Usher et …5.000 euros pour Bruce Springsteen. “Nous vivons dans un système d’économie libérale, les producteurs et certains artistes veulent du profit. Pas moi, pas à n’importe quel prix, déplore au Journal du dimanche Nicolas Sirkis, chanteur d’Indochine ce dimanche 23 avril. Il faut quand même rester digne”. 

Son groupe de pop rock français, actuellement à Londres pour enregistrer un 14e album, s'inscrit à contre-courant. Les prix de ses concerts sont plafonnés à 50 euros en moyenne. En conséquence, les artistes du groupe ne font pas, ou peu de bénéfices. Ils touchent des cachets peu élevés, voire même n’en prennent pas. “A partir du moment où l’on décide de ne pas s’enrichir sur le dos de notre public, celui qui nous permet de vivre de notre passion, il y a des conséquences”, justifie le chanteur. 

choix de l’éthique 

Car, après 42 années d’existence, la bande de Nicolas Sirkis continue d’offrir des tournées XXL et des performances scéniques spectaculaires. Soit des productions coûteuses en lumière, son et vidéo. Eux aussi font face à la hausse spectaculaire des coûts de production, de l’énergie et des transports. Pas de quoi justifier, selon le vétéran d’Indochine, des places à 800 euros, prix qui “frisent l’escroquerie”. Lui revendique auprès du JDD le choix de “l’éthique”. “Tous [les techniciens] sont payés car ce n’est pas à eux de subir notre choix éthique”, martèle-t-il. 

Baisse des revenus liés au streaming 

Depuis la fin du Covid-19, les stars répercutent les hausses des prix de production -hôtel, restauration transport, électricité - sur les cachets, qui pèsent sur les prix des billets. Les lieux de concerts et les festivals font eux-mêmes face à des hausses de tous les coûts, les contraignant à augmenter les tarifs. Le budget moyen des festivals a augmenté de 19% entre 2019 et 2022 d’après une étude présentée au Printemps de Bourges par le Centre national de musique le 20 avril dernier. Dans le détail, les charges techniques, logistiques et de sécurité ont bondi de 21%, et les dépenses artistiques, de 21%. 

L'envolée des cachets et des billets s’explique aussi par la baisse des revenus liés au streaming, moins rémunérateurs que le secteur du disque, en crise depuis des décennies. Les artistes tirent donc leurs revenus des concerts et des festivals et exercent ainsi une forte pression pour faire monter les prix. Les multinationales comme Live Nation, à la fois producteurs et organisateurs de festivals (Lollapalooza et Main Square, aux budgets de respectivement 10 et 6 millions d’euros) exercent aussi une influence considérable sur toute la filière. Ils profitent de leur portefeuille d’artistes pour négocier “des cachets d’artistes ou de bouquets d’artistes” à des prix exorbitants.

La concurrence exacerbée entre manifestations pour attirer les têtes d’affiche entraîne logiquement une surenchère des cachets. “Les responsables sont aussi les demandeurs, ceux qui jouent le jeu de la surenchère”, rappelle le chercheur au CNRS spécialiste des festivals culturels Emmanuel Négrier. Les sites de revente comme Ticketmaster, sont aussi souvent pointés du doigt pour abuser de leur position de quasi-monopole et ainsi participer à l’inflation.

Bruce Springsteen assume l’inflation 

Pour Nicolas Sirkis toutefois, nombre d’artistes abusent de la situation pour se faire des profits exceptionnels. En 2022, après la polémique et l’émoi provoqué par les prix des billets (jusqu’à 5.000 euros) de concerts de Bruce Springsteen, ce dernier avait assumé l’inflation auprès de ses fans: “L’achat de billets a toujours été déroutant, pour les spectateurs comme pour les artistes. Le plus important est que la majorité de nos billets soit abordable. Et puis, vous avez ces billets dont les prix vont monter, très haut. De toutes les façons, des sites de revente ou quelqu’un d’autre prendront cet argent. Alors, ce que je dis, c’est pourquoi cet argent ne reviendrait pas à ceux qui vont transpirer sur scène pendant trois heures”. 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page