Dénudée, couverte de sang… Comment Mylène Farmer a scandalisé l'Eglise avec un clip

Cet été, l’édition du soir vous propose une plongée dans l’histoire des chansons mises à l’épreuve de la censure. Pour ce sixième et dernier volet, retour sur la censure morale dont a fait l’objet Mylène Farmer. En 1999, soit treize ans après sa chanson Libertine, le clip de sa chanson Je te rends ton amour, la dépeignant en femme possédée et crucifiée dans une abbaye, s’est heurté à la frilosité des diffuseurs et à la sévérité des organisations catholiques.

En 1999, soit treize ans après sa chanson Libertine, Mylène Farmer faisait une nouvelle fois les frais de la censure morale. Le clip de sa chanson Je te rends ton amour, la dépeignant en femme possédée et crucifiée dans une abbaye, s’est heurté à la frilosité des diffuseurs et à la sévérité des organisations catholiques.

Les notions de censure et de blasphèmes sont tout à fait inextricables. Dans les sociétés aux histoires religieuses chargées, la musique, l’art en général, transgressant les dogmes spirituels, ont toujours été la cible d’attaques, la France ne faisant en rien exception. Mais même après des années 1970 progressistes en termes de liberté d’expression et de mœurs, certains artistes ont provoqué l’ire des organisations religieuses françaises, en particulier Mylène Farmer qui, dès 1986, explosait aux yeux du grand public grâce à sa chanson Libertine et au clip sulfureux qui l’accompagnait.

Les scènes de nus, érotiques, ont régulièrement refroidi les chaînes de télévision hexagonales, préférant opter pour une version alternative jugée moins provocatrice devant l’énorme succès populaire et la demande grandissante des téléspectateurs.

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Un double-sens évident

Treize ans plus tard, en 1999, Mylène Farmer est devenue l’une des plus grandes vendeuses de disques de l’histoire en France, s’asseyant à la table des Johnny Hallyday, Francis Cabrel, Michel Sardou ou Jean-Jacques Goldman. Pourtant, sa gigantesque notoriété ne le protège en rien des polémiques, bien au contraire.

Pour la sortie de son cinquième album intitulé Innamoramento, elle publie un premier single, L’Âme-Stram-Gram, puis un second, Je te rends ton amour, accompagné d’un clip réalisé par François Hanss. Ce dernier a longtemps été l’assistant-réalisateur de Laurent Boutonnat, l’homme qui a façonné, avec Mylène Farmer, l’image mystique et insolente de la chanteuse. Pour son premier clip en tant que réalisateur principal, François Hanss frappe un grand coup : Mylène Farmer y campe une femme aveugle pénétrant dans une église, se faisant posséder par le diable, répandant du sang sur le sol de l’abbaye Notre-Dame-du-Val à Mériel, lieu du tournage, alternant entre les images du christ traversé par la lumière des vitraux et par des références jugées sataniques par une grande partie de l’église.

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Un clip tronqué

Visuellement, c’est une grande réussite. Mais face aux protestations de plusieurs organisations catholiques, les chaînes de télévision rechignent à diffuser ce clip considéré comme blasphématoire. Finalement, la vidéo est diffusée dans une version écourtée, qui met de côté la dernière partie dans laquelle la chanteuse apparaît ensanglantée, chaires saillantes, après sa propre crucifixion, dissimulant son alliance dans une gigantesque flaque de sang et entonnant la phrase « Et je te rends ton amour / Au moins pour toujours / Je te rends ton amour / Le mien est trop lourd » sans que l’on sache si elle s’adresse à un amour charnel, sentimental, où à l’amour de Dieu, dont elle se détournerait.

Ne pas choquer à tout prix

Mais Mylène Farmer refuse de modifier cette vidéo, même si cela doit empêcher son entière diffusion. Quelques mois plus tard, elle sort le clip en DVD, dans son intégralité, vendu en kiosque. Les bénéfices des 85 000 exemplaires écoulés sont entièrement reversés au Sidaction. Interrogée plus tard par un journaliste de MCM, elle déclare : « Ça n’a aucun intérêt de vouloir choquer à tout prix pour que l’on s’intéresse à vous. Il se trouve que j’aborde des sujets qui sont peut-être épineux, voire tabous. C’est un risque. Maintenant, la censure, et spécialement en France, est un peu sévère. Elle s’attaque à tout et à n’importe quel sujet. Je trouve cela regrettable. »